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Une saison, une œuvre / Un égyptologue à Chalon


Jules Chevrier François Chabas et le Sphinx 1858 Huile sur toile Don de Jules Vrintet, 1948 © musée Denon

Parodie de l’œuvre du peintre Jean-Auguste-Dominique Ingres [1780–1867], Œdipe et le Sphinx (1808), ce portrait caricatural rend hommage aux travaux de l’égyptologue chalonnais François Chabas [1817–1882].

Le peintre représente François Chabas faisant la grimace au Sphinx. À cette attitude de défi répond le rébus qui dit « Chabas faisant la nique faisant la nique au sphinx » (« Chat – basse – faisan – LA – nid – cosse – FINX »). Son nom est d’ailleurs inscrit dans un cartouche, un honneur habituellement réservé aux rois.

Précédé du titre honorifique sš ntr « scribe divin », ce rébus rend hommage aux travaux de Chabas, capable de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens et de poursuivre dès 1852 les travaux de Jean-François Champollion dit « le Jeune » [1778–1832]. C’est la Grammaire égyptienne de celui-ci, publiée après sa mort (1841), que Chabas tient sous le bras.

Plein d’humour, ce tableau n’en est pas moins un bel hommage au travail de François Chabas. Bien qu’il n’ait jamais été en Égypte, ce savant doué pour les langues anciennes est l’une des figures les plus importantes de l’Égyptologie naissante, aux côtés d’Emmanuel Rougé, de Gaston Maspéro et d’Auguste Mariette. Il est ainsi au centre d’un important réseau de correspondance qu’il tisse avec des savants de toute l’Europe, qui louent son important travail et la rapidité avec laquelle il fait avancer la discipline. Ce réseau lui permet de publier, depuis Chalon-sur-Saône, de nombreuses traductions d’inscriptions hiéroglyphiques : on lui doit notamment la publication des sagesses égyptiennes du Papyrus Prisse (1858), du Papyrus magique Harris (1860), puis de
l’inscription hiéroglyphique de la Pierre de Rosette (1867), représentée au premier plan sous une forme simplifiée.

Sur les conseils de Jules Chevrier, qui présente ses travaux à la Société d’Histoire et d’Archéologie de Chalon (S.H.A.C.) et y favorisera son intégration, François Chabas est à l’origine de la collection égyptienne du musée Vivant Denon. Le monument de l’actuel square Chabas, érigé après sa mort à l’initiative de la S.H.A.C, lui rend hommage.