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Une saison, une œuvre / Les péniches de type Freycinet


Jean-Louis BLANC La vie est belle ... Exposition « Bateaux de Saône, mariniers d'hier et d'aujourd'hui », mai 1986 Inv. 87.166

Apparues à la fin du 19e siècle à la suite de la loi du même nom, ces péniches avaient pour vocation de faciliter le transport maritime en homogénéisant sur l’ensemble du territoire les voies de navigation et les types d’écluse. Le musée Denon en possède deux maquettes.

Deux maquettes à l’échelle 1/30e
Le Nicéphore est une péniche métallique tractée, d’une variante assez rare du type Freycinet. Non-motorisée, elle ne pouvait se déplacer qu’à l’aide d’un remorqueur. La présence d’un porte-perches et de l’étendage à linge au centre de la péniche incitent à penser que cette maquette est un objet personnel réalisé à partir d’un bateau bien précis.
Le Niépce est une péniche automotrice munie d’un « bachot » de sauvetage, et d’une « sauterelle » pivotante placée au centre de la péniche. Cette passerelle permettait d’embarquer et de débarquer lors de la navigation en canal. L’immatriculation « P5792F » − faite à Paris (P) − et la mention « Chalon » − inscrite sous la devise − semblent indiquer qu’il s’agit de la reproduction d’un modèle original ayant appartenu à un marinier chalonnais. Le propriétaire de ces maquettes a sans doute voulu garder le souvenir de ses deux bateaux successifs, qui témoignent d’une époque de développement du transport fluvial.

La loi Freycinet
Le 5 août 1879, le ministre des Travaux publics Charles de Freycinet propose une loi visant à développer les transports, et notamment le chemin de fer et les voies d’eau. Dans le cas de ces dernières, l’objectif était de parcourir les plus longues distances possibles sans avoir à transférer les marchandises d’un bateau à l’autre pour s’adapter aux différentes tailles de sas d’écluses. La loi impose alors un gabarit de péniche qui sert de norme aux voies navigables où des bateaux de 300 à 350 tonnes sont amenés à circuler (pour le transport de produits assez diversifiés, mais surtout des céréales et oléagineux destinés à l’alimentation du bétail). Les canaux des lignes principales doivent dorénavant présenter les dimensions minimales suivantes :
• Profondeur d’eau : 2 m
• Dimensions utiles des écluses : 38,50 m de long pour 5,20 m de large
• Hauteur libre sous les ponts : 3,70 m
Le canal du Centre, qui est alors le canal le plus ancien, est fortement modifié : courbes coupées et suppression d’écluses, avec pour conséquence, une transformation complète de son aspect. Les changements sont également importants sur le canal de Bourgogne : toutes les écluses sont agrandies et tous les ponts rehaussés.
Le transport par péniche a pratiquement disparu : aujourd’hui, seuls quelques convois ou des péniches de plus grand gabarit naviguent sur l’axe Rhône − Saône, un déclin qui date des années 1980. Pourtant, avec la crise climatique actuelle, le transport fluvial apporterait une solution moins polluante que le transport routier. D’autres régions ont donc choisi d’investir dans ce mode de transport : le nouveau canal Seine-Nord Europe doit ainsi relier en 2030 les bassins de la Seine et de l’Oise aux 20000 km de réseau fluvial nord européen.