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Une saison, une œuvre / Les hiéroglyphes du musée Denon


Stèle funéraire de Satenimen, chanteuse d’Amon-Rê Début de la Troisième Période Intermédiaire, 22e dynastie (vers 735 av. n. è.) Louxor, Haute-Égypte Bois (de sycomore ?) stuqué et peint Don François Chabas, 1880 Inv. 2015.0.8 © musée Vivant Denon
Portrait de François Chabas (donateur de la stèle et égyptologue chalonnais) 19e siècle Étude réalisée par Maurice Chabas d’après une photographie de Paul Bourgeois (1872) Huile sur bois Don Charlotte Piquemal Chabas, 1909 Inv. P224 © musée Vivant Denon

À l’occasion du bicentenaire de la lettre à Dacier, qui marque le déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens, le musée Vivant Denon sort de ses réserves ses plus belles inscriptions !

C’est en 1822 que Jean-François Champollion [1790 – 1932], père de l’épigraphie égyptienne, parvient à déchiffrer le système d’écriture des anciens Égyptiens, les hiéroglyphes. Cette réussite s’appuie sur l’étude de plusieurs documents multilingues datés de la fin de la période pharaonique et la comparaison des textes qu’ils portent.

À la croisée de l’image et de l’écriture, les hiéroglyphes (littéralement « parole divine » en égyptien) sont une écriture sacrée, employée pour les inscriptions religieuses, administratives ou funéraires, sur des supports variés. Dans nos collections, ce sont principalement des objets funéraires qui comportent ces hiéroglyphes égyptiens, et la stèle de Satenimen, chanteuse du dieu Amon-Rê de la 22e dynastie, en est l’un des plus beaux exemples.

Cette petite stèle est caractéristique des stèles funéraires appartenant à des particuliers de cette période : une forme arrondie au sommet, de petites dimensions et de vives couleurs appliquées sur un fond stuqué blanc. La scène, qui voit la défunte faire face à la divinité, prend symboliquement place dans l’univers : en partie supérieure, le disque solaire ailé est placé dans la bande incurvée du ciel, et en partie inférieure, une ligne épaisse représente la terre. La défunte Satenimen, debout les mains levées en prière, fait face au dieu solaire à tête de faucon Rê-Horakhty. Elle est coiffée d’une perruque surmontée d’un petit cône de parfum et porte une longue robe plissée en lin qui souligne son petit ventre rond et montre ainsi toute la sensualité de cette chanteuse au service du dieu Amon. La défunte réalise une offrande à la divinité sous forme de libation et de deux fleurs de lotus. Le dieu Rê-Horakty trône face à elle. Il tient le sceptre héqa et le flabellum nekhakha. La scène est explicitée par cinq colonnes de hiéroglyphes, disposées comme des bulles de bande dessinée.
Les deux premières colonnes, dont les hiéroglyphes sont orientés vers la droite, sont les paroles du dieu : « (1) Paroles à dire par Rê-Horakhty, le dieu grand, le maître du ciel (2) (lorsqu’) il donne
offrandes et nourritures (à) l’Osiris ». Les trois dernières colonnes, orientées vers la gauche, sont celles de la défunte : « (3) la maîtresse de maison, la chanteuse d’Amon-Rê-roi-des-dieux (4) Satenimen, juste de voix, dont la mère (5) est Djediset (iouesânkh) (?), juste de voix ».

Pour les égyptologues, ces stèles sont précieuses car elles portent l’ensemble des titres du défunt qui l’identifient précisément et le replacent dans l’organisation sociale – très hiérarchique – de l’Égypte pharaonique.