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Une saison, une œuvre / Lampes en terre cuite gallo-romaine



Fouillée à la fin des années 1970, la nécropole de La Citadelle de Chalon-sur-Saône, qui compte plus de 200 structures funéraires, a livré un nombre important de fragments de lampes en terre cuite moulée datés du 1er siècle de notre ère.

Les lampes de Cabillonum
Petit objet du quotidien, la lampe en terre cuite est composée d’un manche ou d’une anse pour la tenir, et d’une partie en cuvette pour stocker le combustible enflammé. Les parois épaisses en terre cuite en font un objet plus robuste, mais toujours moins cher que leurs consœurs en bronze.
Avec l’évolution du travail de l’argile, la forme des lampes change considérablement par rapport aux premières lampes de la Préhistoire : l’aspect général est plus arrondi, le réservoir est
semi-fermé par un large rebord, un bec long et arrondi vient s’ajouter à l’avant de la lampe, une anse ou une corne permet de la tenir facilement. Si ces petites lampes peuvent être modelées ou tournées, l’étude des exemplaires du musée a montré qu’un grand nombre d’entre elles étaient moulées : de petits défauts à la surface provoqués par le moulage imparfait en attestent. À partir d’un modèle en argile, l’artisan réalise un moule, qui permettra de fabriquer plusieurs lampes sur le même modèle, mais aussi de les décorer facilement et plus rapidement.

Apporter la lumière …
Les types de combustible ont également évolués au cours du temps. La graisse animale est rapidement remplacée par l’huile (d’olive ou de ricin) en parallèle de l’essor de la culture de l’olivier sur le pourtour du bassin méditerranéen durant l’Antiquité. Le bitume liquide, plus rare en Gaule romaine, peut également être utilisé comme combustible. L’archéologie expérimentale a permis de déterminer qu’à 4 cl d’huile végétale correspondaient environ 10h d’éclairage continu. La qualité de l’huile, la forme et la qualité de la mèche, l’inclinaison du bec, … sont autant de facteurs qui influent sur la durée et la qualité de l’éclairage. Les lampes ne sont pas les seules sources de lumière artificielle : les candélabres, les lanternes, … plus coûteuses et généralement en métal, ou les torches et les flambeaux. À l’époque médiévale, les chandelles de cire, moins coûteuses, remplaceront en grande partie les lampes à huile en terre cuite.

… et plus encore
Bien qu’on associe immédiatement les lampes en terre cuite à l’éclairage des espaces domestiques, très peu ont été découvertes en contexte d’habitat. Dès le 1er siècle avant notre ère, des lampes sont déposées dans les sépultures. Pendant les funérailles, elles sont jetées sur le bûcher ou déposées auprès du défunt. La lampe, éteinte et retournée, est alors un symbole de la mort dans le monde romain. Après, elles sont utilisées lors des rites de recueillement et de commémoration du défunt. Ce ne sont pas des lampes fabriquées spécifiquement à cette occasion : elles portent le plus souvent des traces d’utilisation.