Donné en 1948 par M. Jules Vrintet, ce portrait caricatural rend
hommage au célèbre égyptologue chalonnais François Chabas
(1817-1882). Jules Chevrier s’est inspiré pour cette composition
d’une toile réalisée par Jean-Auguste-Dominique Ingres, OEdipe et
le Sphinx, datée de 1808.
François Chabas fait ironiquement face au Sphinx, dans la même attitude que l’Œdipe d’Ingres. Cette créature fantastique originaire d’Egypte proposait aux passants des énigmes à résoudre. Ceux qui ne les devinaient pas étaient jetés à la mer. L’égyptologue porte sous le bras gauche le livre qui lui a permis de déchiffrer l’énigme, et sur lequel on peut lire le nom de l’auteur : CHAMPOLLION LE JEUNE. Sur la dalle, entourée d’ossements humains où Chabas pose le pied, est peinte une suite de hiéroglyphes et
l’ultimatum de l’énigme qui n’a ici rien d’inquiétant : ET NUNC INTELLIGENTE. Au fond se dresse une pyramide, et au premier plan, à droite, une représentation sommaire de la Pierre de Rosette. L’ensemble est traité avec un dessin net et des couleurs vives qui font presque songer à un dessin humoristique de bande dessinée.
Un égyptologue à Chalon
Bien qu’il n’ait jamais quitté Chalon- sur-Saône, François Chabas est considéré en Europe, comme l’un des plus grands égyptologues de son temps et un maître de la philologie égyptienne. Il a notamment participé à la traduction de nombreux papyrus et manuscrits ayant permis de progresser dans l’étude des moeurs de l’Egypte ancienne. C’est en 1852 qu’il
commence à aborder avec succès l’écriture hiéroglyphique, dont les premiers jalons sont posés par Champollion entre 1821 et 1832. Grâce à ses nombreux échanges avec les scientifiques et archéologues, il réussit à se faire envoyer un grand nombre d’objets et textes pour étude. A la fin de sa vie, il fit don de sa collection au musée Denon sur les conseils de Jules Chevrier qui en était conservateur. A sa mort, un monument lui est érigé square Chabas, sur l’initiative de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Chalon-sur- Saône.