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Une saison, une œuvre / Éclats de verre funéraire


Ensemble d'objets en verre, Chalon-sur-Saône, quartier de la Citadelle, rue Docteur Roux, nécropole gallo-romaine, 1er siècle de notre ère, verre soufflé et pâte de verre © musée Vivant Denon - Philip Bernard

Entre 2016 et 2019, le Centre de restauration et d’études archéologiques municipal de Vienne a entrepris, avec le soutien de la Société des Amis, la restauration d’un ensemble de verreries datant de l’époque gallo-romaine, découvert à l’occasion de fouilles de sauvetage.

Le verre gallo-romain
Dès le 3e millénaire avant notre ère, le verre est travaillé sous forme de pâte malléable filée ou moulée. Au milieu du 1er siècle de notre ère en Syrie-Palestine, cet artisanat connaît un important tournant avec l’invention de la technique du verre soufflé. À l’aide d’une canne creuse, l’artisan « cueille » dans son four une petite portion de verre qu’il façonne en la soufflant, roulant, égalisant et pinçant. Cette méthode permet une mise en forme plus rapide, plus simple, et donc moins coûteuse ; les parois des pièces sont plus fines et transparentes, et les formes plus variées et complexes.
Le verre peut être soufflé à la volée, c’est-à-dire à l’air libre, ou dans un moule, généralement réutilisable en pierre ou en terre cuite. La première technique est utilisée par exemple pour produire de petits flacons, tandis que la seconde permet la production de formes prédéfinies voire standardisées. Le moule permet également d’ajouter un décor à la surface de l’objet. Celui-ci est
réalisé en négatif dans le moule et s’imprime en positif lors du soufflage. Une fois refroidie, la pièce peut être complétée par des anses, un pied, etc., ou être décorée de différentes manières (à chaud, à froid, colorée, gravée, etc.).

Auprès des défunts
Grâce à cette nouvelle technique et aux matières premières accessibles au sein de l’Empire romain, les objets en verre se multiplient dans le quotidien des populations romanisées : pour
la cuisine, l’hygiène, la parure, la décoration, etc. Sa non-porosité est avantageuse pour le stockage des aliments et des liquides ; de plus, il est neutre et inerte chimiquement, n’altérant pas les propriétés ou le goût de son contenu. Ce matériau n’est pas seulement apprécié au quotidien, il trouve aussi sa place dans le domaine funéraire. C’est dans ce contexte que les objets en verre sont le mieux conservés et donc qu’ils sont découverts en plus grandes quantités. C’est ce dont témoignent les fouilles menées au cours de l’hiver 1976-1977 dans le quartier de la Citadelle, qui mettent au jour une importante nécropole gallo-romaine regroupant plus de 300 tombes. Pour certaines de ces tombes, les résidus osseux du défunt collectés sur le bûcher funéraire après l’incinération sont déposés dans une urne en verre : il s’agit de pots globulaires utilisés pour le stockage et fréquemment réemployés dans les tombes. Par opposition avec les contenants funéraires et les objets déposés ensuite dans la tombe (tels que des balsamaires ou des perles), les objets positionnés sur le bûcher autour du défunt sont généralement retrouvés déformés par la chaleur ou avec des traces de flamme.