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Une saison, une œuvre / Croix de marinier ou croix d'équipage


Croix de marinier, 18e-19e siècle, bois brut, provenance région de Port-sur-Saône © musée Vivant Denon
Croix des mariniers, 1795-1805, bois polychrome, fil de fer, dépôt de l’abbé Bréhier 1983 © Musée d’art et d’histoire d’Orange

Croix de marinier en bois brut, non peint, témoignant sans doute d’un travail inachevé et provenant de la région de Port-sur-Saône.

Les croix de marinier sont d’origine rhodanienne et font figure d’exception sur la Saône. Cependant les mariniers de Saône avaient des contacts avec ceux du Rhône et ceux-ci remontaient fréquemment la rivière jusqu’à Gray pour le commerce du grain. Elles protègent des naufrages et des avaries de navigation. Pour témoigner de ces croyances, Louis Armand-Calliat rapporte dans un article le procès en 1798 d’un marinier chalonnais, poursuivi pour avoir placé une croix sur un bateau appartenant à son père. Pour sa défense, ce marinier affirme n’avoir eu d’autre motif que d’imiter les bateliers du Rhône « qui en placent communément sur leurs bateaux ».

La croix de marinier du Rhône est généralement plantée à la poupe du bateau et porte tous les symboles de la Passion du Christ. Elle est également présente dans les églises ou les chapelles le long des rivières, mais aussi les maisons de mariniers ainsi que les ponts. L’origine date de la fin du 17e siècle et provient certainement du développement des confréries de pénitents dans le sud-est de la France.

La croix du musée non peinte est sans doute inachevée. Elle repose sur un socle en forme de piédestal. Les Trois clous qui ont fixé le Christ sur la Croix sont plantés à la base et sont surmontés de l’échelle qui servit à descendre le corps du Crucifié. La lance, qui a été utilisée pour s’assurer de la mort, et l’éponge montée sur une pique ayant servi à humecter les lèvres du Christ sont croisées sur le montant vertical. L’ensemble présente des renflements aplatis en forme de rame. Le calice placé juste au-dessus évoque la coupe de fiel, symbole de l’acceptation de son sacrifice. Suspendus à la barre horizontale, un fléau, une faucille et deux autres objets sont sans lien précis avec la symbolique de la mort de Jésus. Quatre autres objets étaient présentés sur la partie supérieure ; deux sont manquants. Les tenailles ont servi à enlever les clous pour descendre le Christ mort de la Croix. Le dernier objet placé à l’autre extrémité est incomplet et représente un ciseau, sans lien avec la Crucifixion. L’inscription INRIIesus Nazarenus Rex Iudaeorum ») est placée en haut de la Croix. Le sommet de la croix est surmonté d’une représentation du soleil et de la lune symbolisant le Nouveau et l’Ancien Testament.

L’ensemble semble incomplet et certains outils présentés ne figurent pas sur les arma christi traditionnelles (voir la croix de marinier du Rhône). Peut-être que le propriétaire de cette croix a voulu mettre en avant la deuxième profession qu’exerçaient la plupart du temps les mariniers pour subvenir à leurs besoins, c’est-à-dire les travaux agricoles.