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Une saison, une œuvre / "Chinoiseries"


Attribuées à Jean-Baptiste PILLEMENT [ Lyon, 1728 – Lyon, 1808 ]. Panneau décoratif représentant des musiciens. Panneau décoratif représentant une scène d’offrande. 3e quart du 18e siècle, huiles sur toile © musée Vivant Denon

Données au musée en 1877 par M. Bled-Chaumont, ces deux huiles sur toiles témoignent du goût pour l’Extrême-Orient et les chinoiseries au 18e siècle. Pour peindre ces oeuvres, Jean-Baptiste Pillement s’est inspiré de gravures issues de la série Les cinq sens, réalisées par François Boucher et Gabriel Huquier en 1740.

Jean-Baptiste Pillement [ Lyon, 1728 – Lyon, 1808 ]
Peintre, dessinateur, graveur et ornementaliste français, élève de Daniel Sarrabat [ 1666 – 1748 ], Jean-Baptiste Pillement entame à partir de 1745 une série de voyages à travers l’Europe parcourant l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre, l’Autriche, où il travaille pour le prince Joseph Wenzel de Liechtenstein [ 1696 – 1772 ], et la Pologne où il devient peintre de la cour du roi Stanislas Auguste [ 1732 – 1798 ]. À son retour en France en 1778, il obtient le titre de « peintre de la reine » Marie- Antoinette [ 1755 – 1793 ] et réalise plusieurs panneaux décoratifs pour le Petit Trianon. Réputé pour ses talents d’aquarelliste et de paysagiste c’est en tant qu’ornementaliste et « inventeur » des chinoiseries qu’il obtient la célébrité.

Les chinoiseries
Le 18e siècle français est marqué par le style rococo, courant pictural caractérisé par l’utilisation de formes légères (arabesques et coquilles) et l’apparition de scènes galantes et frivoles dont le principal représentant est François Boucher. Ce nouveau style développe vers 1720 – 1730 un nouveau répertoire décoratif inspiré de motifs chinois. Un besoin de fantaisie et un désir d’exotisme se fait ressentir et la redécouverte de l’Extrême-Orient par les Occidentaux, notamment à travers le développement des routes commerciales vers les Indes et la Chine, influencent les modes de vie des français. Le goût pour la Chine envahit la céramique et les arts décoratifs. On imite et on copie les laques, céramiques et tissus importés d’un Extrême-Orient, rêvé, fantaisiste et imaginaire. Cet engouement pour l’Extrême-Orient donne naissance à ce qu’on a appelé les « chinoiseries ».
Ces deux scènes sont inspirées de gravures ornementales issues de la série Les cinq sens , réalisées par François Boucher [ 1703 – 1770 ] et Gabriel Huquier [ 1695 – 1772 ] en 1740. Le premier panneau figurant deux musiciens représente « L’Ouye », et le second, figurant une jeune femme tenant un brûle-parfum ainsi qu’un jeune garçon portant un panier de fleurs, représente « L’Odorat ». Les recueils de Jean-Baptiste Pillement contribuent activement à la diffusion des « décors au chinois » en France et dans toute l’Europe, servant de modèles à tous les corps de métier. Le recueil intitulé les Cinq sens chinois fut gravé par François-Antoine Aveline en 1759.