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Une saison, une œuvre / Alice Paquelier-Gaïffe et la miniature sur ivoire


Alice PAQUELIER-GAÏFFE [ 1873-1944 ] Dessin préparatoire pour le Buste de jeune femme à la bague turquoise 1ère moitié du 20e siècle Crayon noir sur papier calque © musée Vivant Denon
Alice PAQUELIER-GAÏFFE [ 1873-1944 ] Portrait en buste de jeune femme de trois-quarts à droite s'appuyant sur son bras gauche 1917 Aquarelle et gouache sur ivoire © musée Vivant Denon / Philip Bernard
Alice PAQUELIER-GAÏFFE [ 1873-1944 ] Dessin préparatoire pour le Portrait en buste de jeune femme de trois-quarts à droite s'appuyant sur son bras gauche 1ère moitié du 20e siècle Crayon noir sur papier © musée Vivant Denon

Le legs de l’artiste chalonnaise Alice Paquelier-Gaïffe, daté de 1946, permet l’entrée dans les collections du musée de 60 miniatures sur ivoire du début du 20e siècle et de 725 dessins préparatoires.

La miniature sur ivoire au 20e s.
Très prisée des collectionneurs, la miniature orne une grande variété d’objets de petites dimensions : tabatières, broches, boîtes à bijoux et toutes sortes d’objets personnels principalement réalisés sur parchemin, papier vélin et ivoire. Ainsi ancrée dans la vie quotidienne des milieux bourgeois, la miniature s’affirme au 18e siècle comme moyen de conserver les traits de l’être cher et connaît un véritable âge d’or au cours des années 1750-1830. Elle s’offre alors en témoignage d’amour et d’amitié. Au 19e siècle, l’arrivée de la photographie marque le début du déclin de la production de miniatures. Alors que cette dernière tombe en désuétude, certains artistes défendent et promeuvent leur production. Parmi eux, l’artiste-peintre et miniaturiste Gabrielle Debillemont-Chardon,
présidente de la Société de la miniature, de l’aquarelle et des arts précieux, qui publie en 1909 La Miniature sur ivoire. Essai historique et traité pratique. Dans cet ouvrage, elle veut montrer la valeur de la miniature, selon elle tout aussi importante que la peinture à l’huile, et préconise une modernisation du genre par le recours à diverses techniques d’exécution en accord avec son temps. Les œuvres d’Alice Paquelier-Gaïffe s’inscrivent dans cette modernité. Élève de Mme Debillemont- Chardon, A. Paquelier-Gaïffe se fait connaître dans le milieu de la miniature par le biais du portrait. Elle expose à plusieurs reprises au Salon des artistes français entre 1897 et 1914. Tout comme son maître, l’artiste tend à moderniser l’art de la miniature par de larges touches pour le fond et un contraste marqué entre les visages et les vêtements des personnages.

La technique de la miniature
La miniature est traditionnellement réalisée sur une feuille d’ivoire unie et dépourvue de veine en son centre. L’artiste y trace à la mine de plomb la forme finale qu’elle souhaite donner à sa miniature. Pour faciliter la découpe de la feuille, celle-ci est trempée dans l’eau afin de la rendre plus transparente et molle. Une fois sèche et découpée, elle est contrecollée sur une feuille de papier blanc, puis grattée et polie à l’aide d’une poudre de pierre ponce. Lorsque la feuille d’ivoire est prête à recevoir le motif, l’artiste réalise en présence du modèle et sur papier vélin, un dessin préparatoire lui permettant de définir les proportions et les formes du portrait. L’emploi de calques permet de reporter les bons éléments du dessin sans avoir à l’effacer et à le recommencer. Une fois l’esquisse terminée, l’artiste procède à l’ébauche finale : elle pose la feuille d’ivoire sur son dessin préparatoire afin de décalquer le motif avec un pinceau. Si la feuille n’est pas assez transparente pour que le dessin apparaisse au travers, elle la remet à tremper quelques minutes. Enfin, une fois le motif ébauché, l’artiste peut y apposer les couleurs et finaliser son œuvre.