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Une saison, une œuvre • Emblème d'une compagnie d'archers


© musée Denon
Emblème d’une compagnie d’archers, Bois polychrome, XVIIIe siècle, Trouvé à Saint-Marcel-les-Chalon par Mr Bonnefoy, Donné au musée en 1957 par Mr Marcel Lecroq. © musée Denon

Rentré de manière erronée dans l’inventaire du musée en 1957 comme «silhouette-cible en bois polychrome», ce mannequin de bois, presque grandeur nature, est en réalité l’emblème d’une compagnie d’archers.

Selon son donateur, cet emblème proviendrait de la compagnie des anciens archers chalonnais dont le terrain d’exercice était situé, au XVIIIe siècle, à l’angle de la rue Gloriette et de la rue de la Truie qui file (actuelle rue Philibert-Léon Couturier). Le personnage, représenté les mains liées derrière le dos comme le patron des archers, saint Sébastien, lors de son supplice, porte sur sa veste l’emblème des compagnies d’archers et d’arquebusiers  : un cœur blanc orné d’une fleur de lys, ici maladroitement remplacée par une croix noire.

L’adoubement Bastien

Le bandeau sur les yeux ne fait pas référence à une éventuelle mise à mort d’un condamné mais évoque «l’adoubement Bastien», un rite initiatique d’admission dont Henry-Charles Arnault de Pomponne a décrit le déroulement en 1733 dans Les Statuts & règlements généraux pour toutes les compagnies du noble jeu de l’arc & confréries de saint Sébastien dans le royaume de France  :

«  Pour être admis dans la confrérie de saint Sébastien, il est indispensable d’être présenté par un parrain et de demander à être « adoubé Bastien ». C’est une opération complexe et secrète. Seul un candidat d’une parfaite moralité peut être admis. L’adoubement est une véritable initiation qui dure plus d’une heure, en présence de deux témoins. On dépose sur une table, un arc, des flèches, du vin, du pain et du sel. La deuxième partie se déroule en chambre obscure, les yeux des futurs chevaliers sont recouverts d’un bandeau. Après avoir absorbé la « boulette » composée de mie de pain,  de sel et de poivre, le nouveau promu apprend le geste du secret, secret qui doit le lier à ses confrères, aussi bien ceux de la localité que les autres, à quelque confrérie d’arc qu’ils appartiennent. Pour s’aborder entre chevaliers : « vous présentez la main, vous touchez de votre grand doigt dans le milieu de la main de celui qui vous le demande »».


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