Créatures, animaux légendaires ou mythologiques, monstres… Partez à la rencontre des êtres fantastiques qui fascinent les hommes depuis l’Antiquité. Explorez leurs représentations dans la culture occidentale à partir des collections du musée Denon et d’autres fonds régionaux.
L’exposition s’ouvre avec une série de plaques-boucles mérovingiennes figurant des hippogriffes, animaux hybrides, fantastiques et « monstrueux ».
Mais pourquoi avoir placé sur ces objets du quotidien, ornant à l’origine des ceintures, de telles représentations ?
C’est que le « monstre », qui s’impose par la terreur ou par l’admiration, est à l’écart des normes. Dans les temps anciens, il est de l’ordre du merveilleux, du prodige. De ce fait, il peut avoir une puissance singulière et se trouve doté de fonctions importantes : il protège autant qu’il effraie ! Même s’il est extraordinaire, il reste toujours crédible, dans un univers largement inconnu, qui n’a pas encore dévoilé tous ses secrets…
Afin de mieux comprendre et analyser la nature et le pouvoir de ces êtres hors du commun, l’exposition remonte en amont et en aval, dans l’Antiquité et au Moyen Âge, et tente même d’esquisser des pistes vers des périodes plus récentes.
Dans l’Antiquité gauloise et gallo-romaine les êtres fantastiques tiennent une place de choix dans la mythologie : leur monstruosité même les rend d’autant plus divins et puissants !
Le dieu Cernunnos, dont la silhouette humaine est couronnée d’une ramure de cerf, comme le taureau à trois cornes, sont des figures bien connues du panthéon des Gaulois. Plus « classiques », Mercure ou Eros offrent également une apparence humaine, mais bien particulière, avec leurs ailes plantées sur le crâne ou dans le dos. Les dieux gréco-romains aiment à s’entourer d’êtres pareillement bizarres, tels Pan ou Silène, à la tête cornue et aux jambes de boucs, qui accompagnent Bacchus dans son cortège. Neptune,
avec les curieuses créatures marines qui l’entourent, en donne un autre exemple. Pégase, le fameux cheval ailé, est aussi l’un de ces animaux fabuleux qui assistent les dieux et leurs émules. Mais il existe aussi des monstres maléfiques, que certains héros sauront soumettre, tel Persée vainqueur de Méduse ! L’exotisme enfin a pu prendre sa part dans cette présence de l’irréel : l’arrivée en Gaule romaine de divinités égyptiennes aux étranges tournures, comme le gnome Bès ou la « momie recomposée » Osiris, a dû surprendre…
Au Moyen Âge, le monstre est d’abord l’incarnation du Mal absolu, la Bête hideuse de l’Apocalypse, et aussi Satan, tentateur d’Ève ou du Christ. Mais le diable est ambivalent et si les édifices médiévaux se couvrent de son image, c’est qu’il est censé – comme un antidote – repousser les esprits maléfiques. Quant aux anges, chérubins et autres séraphins, dotés d’ailes plus ou moins nombreuses, ils appartiennent à un monde surnaturel, mais favorable. Le monstre médiéval prend de multiples aspects et il apparaît aussi bien dans les animaux exotiques imaginaires fantasmés par les récits des voyageurs, que dans les créatures burlesques – les « drôleries – qui envahissent les manuscrits. Parfois même l’homme rejoint le merveilleux : son apparence normale se transforme et il est affublé, par exemple, d’immenses oreilles ou d’un cou démesuré… quand ce n’est pas l’animal qui se voit doté de capacités humaines ! Et bien sûr il se trouve dans l’univers médiéval de valeureux vainqueurs d’horribles chimères : saint Michel, saint Georges ou sainte Marguerite… et certains chevaliers, héros de la geste arthurienne.
Le monstre poursuit évidemment sa course, aux époques moderne et contemporaine, et sa piste peut être suivie : au-delà de la permanence des traditions antérieures, gréco-romaine et chrétienne, il continue à provoquer l’effroi comme l’amusement : mystérieuses scènes de sorcellerie, dragons inspirés de l’Orient, animaux humanisés participent de cette diversité. La photographie est un des supports qui explore à sa manière, et avec quelle pertinence, toutes les facettes du monstre, qui est aussi bien l’autre… que chacun d’entre nous !
En vente à la boutique du musée
Album de l’exposition Êtres fantastiques, Figures du monstre en Occident
24 pages
1,50 €
Textes : Matthieu Pinette, Commissaire de l’exposition, Conservateur en Chef du Patrimoine
Commissariat /
Matthieu Pinette
Inauguration /
Vendredi 23 novembre
18h
Téléchargements /
Autour de l'exposition /
Visites et ateliers jeune public
Institutions partenaires /
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