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Chalon antique


Stèle représentant une triade de déesses-mères, Pierre calcaire, 1er-2e siècle, Saint-Boil (S.-et-L.), carrière gallo-romaine. © musée Denon
Mosaïque illustrant une course de chars, Pierre, Epoque gallo-romaine, Sennecey-le-Grand (S.-et-L.), hameau de Sens. © musée Denon
Auréus (monnaie), Or, Entre 284 et 305, Saint Rémy, domaine gallo-romain de la Vigne de Saule. © musée Denon
Plan du domaine gallo-romain de la Vigne de Saule à Saint Rémy, Site découvert en 1937, fouillé entre 1966 et 1970.
Urnes cinéraires et vases lacrymatoires, Verre, Ier siècle, Chalon-sur-Saône, nécropole gallo-romaine de la Citadelle.
Planche de mobilier de la tombe 351 avec vases en verre, ossements d’animaux (bœuf, porc, pigeon), céramique sigillée, Chalon-sur-Saône, nécropole gallo-romaine de la Citadelle. © musée Denon
Lion terrassant un gladiateur, Pierre, H. 110 cm ; L.140 cm ; l. 53 cm, Ier-IIe siècle, Chalon-sur-Saône, rue Philibert Guide. © musée Denon
Main d’enfant momifiée, Epoque gallo-romaine, Chalon-sur-Saône, quartier Saint Cosme. © musée Denon
Stèle, Pierre, Epoque gallo-romaine, Chagny (S.-et-L.). © musée Denon
Vue de la salle du parfumeur. © musée Denon
Couteaux de parade et rituel, Fer et alliage cuivreux, Epoque gallo-romaine, Saint Rémy et Chalon-sur-Saône. © musée Denon
Passoire, Alliage cuivreux, Ier siècle, Lux (S.-et-L.), la Saône, gué du Port Guillot. © musée Denon
Service à vin, Alliage cuivreux, argent, Ier siècle av. J.-C., La Saône, provenances diverses. © musée Denon
Cruche, Terre cuite, Ier siècle, Chalon-sur-Saône, rue de Rochefort, ateliers de potiers de Saint-Jean-des-Vignes.
Lingots estampillés provenant de Grande Bretagne, Plomb, Epoque gallo-romaine, Sassenay (S.-et-L.) et Châtenoy-le-Royal (S.-et-L.).
Stèle avec dédicace à la déesse Souconna, offerte par les habitants de l’oppidum de Cabilonnum, Pierre, IIe siècle, Chalon-sur-Saône, rue au Change, muraille du castrum à 3,50m de profondeur.
Vue de la salle gallo-romaine.

Les premières traces de l’existence de la ville de Chalon-sur-Saône datent du Ier siècle av. J.C.
Cabillonum, selon les textes était alors le port des Eduens. La ville fût commerciale et florissante dès son origine grâce à sa situation géographique le long de la Saône et ne cessa de se développer durant la période gallo-romaine.

Cabillonum à la croisée des Gaules romaines
Jules César considérait le port de Cabillonum comme une plateforme de distribution des troupes romaines, qui pouvaient rallier facilement l’Europe celtique.
L’après-conquête s’est traduite par le développement des axes routiers : l’ouest vers Autun et Boulogne, le nord vers Langres et Trèves et l‘est vers Besançon et Mayence. L’aménagement portuaire a pérennisé l’axe de communication fluviale rhodanien et a ainsi contribué à l’essor du commerce local entre l’empire romain et les trois Gaule.

Le centre ville et les activités artisanales
Le centre ville antique correspond dans les grandes lignes à la zone historique actuelle. Les centres publics et administratifs devaient se dresser aux côtés des zones commerciales bien qu’il ne subsiste pas de trace des équipements qui fondent les caractéristiques d’une ville gallo-romaine (forum, théâtre, etc.) sauf quelques traces visibles de l’enceinte de Cabillonum, datée du IIIe siècle.
Des ateliers de forge ont été trouvés au niveau du quai de la Monnaie. Les ateliers de potiers, plus nombreux, s’échelonnent du Ier au IVe siècle et sont situés dans le quartier de Saint-Jean-des-Vignes. La richesse des trouvailles, provenant de l’ensemble de l’Europe, liées aux activités portuaires situées au nord et au sud de la ville, montre l’importance du commerce de la cité.

Les zones de culte
Une stèle dédicacée à Mercure (divinité liée au commerce), découverte sous l’actuelle cathédrale Saint-Vincent, laisse présager l’existence d’un sanctuaire gallo-romain. Un socle de statue a également été découvert proche de l’enceinte gallo-romaine. Remployé dans les fondations de la muraille défensive du Bas-Empire, ce bloc de calcaire n’est autre que le socle d’une statue dédiée à la Saône divinisée et offerte, au Ier siècle de notre ère, par les habitants de Chalon. Il s’agit du premier témoignage, gravé dans la pierre, des noms antiques de Chalon, Cabillonum et de la Saône, Souconna

Plusieurs nécropoles ont été localisées. La plus importante, fouillée en 1976-77, située le long de l’axe Cabillonum-Augustodunum (Chalon-sur-Saône – Autun), a livré un mobilier funéraire important (urnes, statuettes, stèles,…). Un fragment de monument funéraire représentant un lion terrassant un gladiateur a été retrouvé à proximité. Ces différents témoignages montrent l’importance de la ville à l’époque antique.


ZOOM SUR… La Citadelle

Liées au réseau routier, plusieurs nécropoles, essentiellement à incinérations pour le Haut-Empire, ont été localisées à la périphérie de l’agglomération. Situées dans des zones à vocation artisanale, comme l’actuel quartier de la Citadelle, en bordure de la voie d’Autun ou encore commerciale et portuaire comme à l’emplacement du « Petit Creusot », sur la rive gauche de la Saône où une importante nécropole du Ier siècle fut mise en évidence fortuitement en 1912 à l’occasion de travaux sur le site des établissements Schneider  (surnommé « Le Petit Creusot ».)

Dans le quartier de la Citadelle où de nombreuses découvertes avaient été réalisées depuis le XIXe siècle, les travaux de construction du commissariat de police ont donné lieu, en 1977, à une fouille de sauvetage préalable  (Augros, Feugère 2002). Environ 300 tombes à incinération, disposées sur 3 niveaux dont 2 de remblai en bordure de la voie, ont ainsi pu être étudiées. Les cendres des défunts, déposées dans de petites fosses ou renfermées dans des urnes en terre ou en verre, étaient accompagnées d’offrandes abondantes, souvent brûlées : vases en céramique fine, flacons en verre, monnaies et fibules en bronze, lampes à huile et statuettes en terre cuite. Seuls quelques rares nouveaux-nés, dont les ossements reposaient sous la protection d’une simple tuile, avaient échappé à la combustion.

Rappelons la découverte à quelques centaines de mètres de là, en 1856, du célèbre groupe en pierre dit du « lion terrassant un gladiateur » qui passe, à juste titre, pour l’une des oeuvres majeures des collections archéologiques du musée Denon. Cette imposante sculpture n’est plus considérée, comme au moment de sa découverte, comme un élément décoratif provenant d’un hypothétique amphithéâtre – qui pourrait toutefois avoir existé aux environs – mais bien comme un symbole en relation avec la mort. Si l’on ne peut en aucun cas voir là un simple monument funéraire du fait de l’infamie liée, dans l’antiquité, à la fonction de gladiateur, on peut néanmoins y voir une représentation imagée de la lutte de l’homme contre la mort.


La périphérie de la ville antique
Des vestiges ont été découverts dans les communes de la première couronne chalonnaise : Saint-Marcel, Lux, Châtenoy-le-Royal, Saint-Rémy où une villa gallo-romaine a été fouillée dans les années 1970.


ZOOM SUR… Le domaine gallo-romain de la Vigne de Saule à Saint Rémy

Le site gallo-romain de la Vigne de Saule est connu de longue date. En 1937 il est déjà signalé dans les textes, notamment L. Armand-Calliat, 1937, Le chalonnais gallo-romain, p. 258. En 1956 d’abord, puis entre 1966 et 1970, de grands travaux d’aménagements routiers vont venir bouleverser le site qui fera alors l’objet d’une fouille de sauvetage.

Cette fouille archéologique révélera quatre secteurs :

  • L’entrée monumentale, orientée sur la vallée de la Corne, avec la présence de sols superposés et de foyers encore en place.
  • Deux hypocaustes orientés l’un à l’ouest, l’autre au nord, ce dernier beaucoup plus abîmé par les travaux de 1956.
  • Un ensemble de substructions à l’ouest, composé de trois hypocaustes et d’un nombre important de murs séparant cet ensemble de l’entrée monumentale attestant ainsi l’importance de l’habitation.
  • Un dépotoir, situé à 60 m au nord des substructions qui a livré, quant à lui, un important mobilier daté en majorité du Ier siècle. Ce dépotoir peut être interprété comme une preuve de l’existence d’une deuxième habitation à proximité ou bien d’une occupation de la villa après destruction…

Ces quatre secteurs ont livré un mobilier archéologique important et varié. Le domaine architectural s’illustre par la découverte de nombreux fragments d’enduits peints, de plaques de marbre, de pilastres et tambours de colonne ainsi qu’un chapiteau corinthien attestant de la présence d’une entrée monumentale. Les hypocaustes sont matérialisés par la présence, encore en place, d’empilements de pilettes carrées ou circulaires en terre cuite et de nombreuses dalles réfractaires. Le mobilier céramique, aux formes et qualités diverses ainsi que de nombreuses monnaies ont également été mis au jour, montrant ainsi un ensemble homogène daté de la fin des IIIe et IVe siècle pour les fondations ouest. Le mobilier céramique, retrouvé sous une couche de coquilles d’huitres, à l’intérieur du dépotoir, appartient en majorité au Ier siècle.

Les différentes observations permettent donc d’affirmer qu’il s’agissait d’un seul et même habitat, sans doute avec deux occupations successives, entre les Ier et IVe siècle. Des fouilles de sauvetage réalisées en 2012 (Les terres de Diane) à proximité du site ont permis de découvrir du mobilier de la même période ainsi qu’un développement de l’occupation gallo-romaine vers le sud en direction de la Vigne de Saule.


Une mosaïque, de la même époque, représentant une course de char a été découverte à Sens, hameau de la commune de Sennecey-le-Grand.
Des vestiges existent également sur le bassin chalonnais. En effet, des fouilles anciennes ainsi que des photos aériennes ont montré la présence d’une agglomération romaine secondaire sur la commune de Granges. La carrière gallo-romaine de Saint-Boil confirme également l’importance du développement de toute une région située autour de Chalon tout au long de l’époque gallo-romaine.


Bibliographie

Augros M., Feugère M., La nécropole gallo-romaine de la Citadelle à Chalon-sur-Saône, 2002, 206 p., 108 planches.

OLIVIER Albéric, Le Chapiteau corinthien du domaine gallo-romain de la Vigne de Saule, à Saint-Rémy (Saône et Loire, 1995, Revue Archéologique de l’Est 46-1995-1 du Paléolithique au Moyen Âge, CNRS Edition, p. 27-40)