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Bois gravés chalonnais



En 1991, Julien Renaux, imprimeur chalonnais, cède au musée Denon une  collection complète de 160 bois gravés, éléments d’impression utilisés depuis le XVe siècle pour la production d’images populaires. Cet ensemble est par son ampleur et son unité, le plus important connu en France.

La gravure sur bois (xylographie) est depuis le XIVe siècle jusqu’au début du XIXe siècle le principal moyen de reproduction employé pour la gravure populaire, en particulier dans le domaine de l’imagerie religieuse et de la carte à jouer.

Taillés dans des bois fruitiers durs, les bois gravés sont, une fois utilisés, réparés ou répliqués avant d’être, la mode passée, brûlés ou détruits.

Le destin des 160 bois gravés chalonnais est de ce fait assez exceptionnel : échappant à la destruction ils ont été transmis de succession en succession par les imprimeurs établis à Chalon-sur-Saône (depuis Desprez en 1603 jusqu’à Julien Renaux en 1938) et même cachés pendant la période révolutionnaire lorsqu’avait été ordonnée la disparition des images pieuses rappelant l’Ancien Régime. Au XXème siècle, alors que partout ailleurs les images d’Epinal puis les techniques modernes d’impression ont largement supplanté la gravure populaire sur bois, ils sont encore utilisés pour les affiches de conscrits.

La datation précise de ces bois est assez difficile à établir : les auteurs sont le plus souvent inconnus (seuls quelques bois sont signés d’initiales gravées dans le décor).  Le plus ancien bois chalonnais, saint Crépin et saint Crépinien, date du XVème siècle. Les autres ont pour la plupart été réalisés aux XVIe et XVIII siècles, sauf quelques exemplaires datant du XIXème siècle.

Les représentations d’inspiration profane (vie quotidienne, pouvoir politique, guerre, vie de couple, mort…) illustrent une philosophie de l’existence souvent pessimiste malgré l’humour apparent des compositions (Les Quatre Vérités, L’heure est venue, La Bonne mort, l’Ecole de maris, Les autre véritez du siècle d’à présent …). Les scènes religieuses s’inspirent des épisodes de la vie du Christ (Nativité, Enfance, Jésus et la samaritaine, Passion, Flagellation), de la Vierge (Assomption, Famille de la Vierge, Notre Dame du Rosaire, Pietà, Notre dame de Liesse) ou des saints. La fonction protectrice de ces images pieuses explique leur succès et le grand nombre de représentations de la Vierge ou des saints thaumaturges (Saints Crépin et Crépinien, Saint Jacques de Compostelle, Saint Hubert, Saint Vincent, Saint Benoit, saint Georges, Sainte Reine, sainte Agathe, sainte Marie Madeleine…)

Aucun exemplaire d’image ancienne produite à partir des bois gravés de Chalon-sur-Saône n’est connu à ce-jour. Ces tirages, du fait même de leur grand nombre, n’avaient pas une valeur suffisante pour qu’ils soient conservés : on gardait l’image jusqu’à ce que, devenue sale, elle soit remplacée par une nouvelle au passage du colporteur.

Les tirages exposés dans la salle, à coté des matrices correspondantes, ont été réalisés en 1973 par Julien Renaux et publiés à l’occasion d’une exposition au musée Denon.